Bosquets du futur

Bosquets du futur, de la réflexion à l'action dans un contexte de changement climatique

Le projet “Bosquets du futur” consiste à réaliser, sur une vingtaine de nos sites naturels, des travaux de plantations de haies et d’arbres. L’objectif est de créer trois kilomètres de haie et une trentaine de bosquets. L’originalité de notre projet réside dans le développement d’itinéraires techniques variés et dans la réflexion engagée sur l’adaptation des plantations au changement climatique, dans l’optimisation des ressources génétiques en restant dans l’entité biogéographique et écologique cohérente du Massif central.

Atténuer les extrêmes météorologiques

Croix de Barras, avant travaux

La présence d’un réseau d’arbres hors forêts et de haies permet à la fois de favoriser la biodiversité par les effets de lisière et les corridors écologiques mais également de créer un microclimat atténuant les effets des extrêmes météorologiques. Dans un contexte où le réchauffement climatique est déjà en cours (+2,2 ° en Auvergne-Rhône-Alpes depuis 1960), “Bosquets du futur” s’inscrit dans le développement de solutions fondées sur la nature pour atténuer les impacts de ce changement.

La présence de bosquets, de haies et d’arbres isolés dans une prairie présente de multiples avantages :

  • augmenter les capacités d’accueil et de refuge de la faune et de la flore sauvage
  • préserver la ressource fourragère à leur pied
  • fournir un abri pour le bétail (ou les promeneurs)
  • réduire localement la température au sol (en forêt, la température est inférieur d’environ 3°C) = ilot de fraicheur
  • contribuer aux corridors écologiques (trame verte forestière)

Observer l’adaptation des végétaux aux changements climatiques

La capacité d’adaptation des végétaux face au changement climatique est une question qui fait débat.

Une vision optimiste repose sur la capacité d’adaptation des espèces déjà en place, notamment en mobilisant un patrimoine génétique non utilisé aujourd’hui mais héritage de gènes ancestraux non exprimés (patrimoine commun aux populations méditerranéennes qui elles les exprimeraient). Une vision plus pessimiste existe aussi : d’autres experts considèrent que la rapidité du changement n’est pas compatible avec la capacité de déplacement ou d’adaptation de toutes les espèces. 

 

Les déclinaisons opérationnelles de ces deux visions sont tout aussi antagonistes : avoir une action très volontariste et interventionniste, ou au contraire, ne rien faire. Le projet “Bosquets du futur” vise à proposer une version médiane, en testant différents modes opératoires.

Plantation sur le puy de Bedeuil (Artonne)

Les objectifs du projet “Bosquets du futur”

L’objectif général de notre projet est d’atténuer les effets du changement climatique dans les espaces agricoles bocagers. En pratique, ” Bosquets du futur ” permet d’augmenter la présence d’ilots de fraicheur arbustifs et arborés sur les sites que nous gérons, et de favoriser l’adaptation des haies et des bosquets aux changements climatiques. Notre projet contribue également à la recomposition des paysages traditionnels présents avant les grands remembrements.

Et si le projet participe modestement à la reconstitution du puits de carbone, il s’inscrit également dans une démarche de consommation d’énergie de notre part, en espaçant voire supprimant une partie de nos opérations mécanisées.

Quatre itinéraires techniques testés

Quatre itinéraires techniques sont proposés pour tester différentes solutions fondées sur la nature et optimiser les chances de réussite en ne mettant pas « tous les œufs dans le même panier ».

Végétalisation spontanée par libre évolution

  • Postulat de départ : laisser la nature trouver la meilleure solution d’adaptation.
  • En pratique : mise en place de conditions permettant le développement de haies et bosquets mais sans plantation, en clôturant les bordures de parcelles (future haie) ou des ilots au cœur des pâturages qu’on soustraira à la dent des troupeaux et qu’on laissera se boiser spontanément.

Plantation avec espèces « végétal local » Massif central

  • En pratique : plantation d’essences présentes dans le Massif central, choisie en fonction des caractéristiques du sol. En plus de la clôture pour protéger la plantation, il s’agit aussi d’améliorer le suivi des plants et de prévoir une protection contre le gibier, un bon paillage. Cet itinéraire technique « classique » permet un gain de temps de plusieurs dizaine d’années par rapport à l’évolution spontanée de la végétation de l’itinéraire technique n°1. 

Plantation d’arbres d’essences locales mais de variété thermophile

  • Postulat de départ : exploiter la diversité génétique des arbres d’espèces locales.
  • En pratique : utiliser du végétal local mais avec un travail préalable de récolte de graines dans des stations « sèches » pour semis direct ou mise en culture avec un pépiniériste (plant disponible en 1 an) et utiliser des essences forestières Massif central labellisées MFR (matériel forestier de reproduction) avec provenance méridionale (sous réserve de pouvoir commander des petites quantités).

Plantation d’essences arborées méridionales du Massif central mais non présentes localement

  • Postulat de départ : avec le réchauffement climatique, anticiper une remontée en altitude et latitude des essences du Massif central méridional
  • En pratique : introduire volontairement des arbres actuellement en limite d’aire pour créer des noyaux de forêts thermophiles qui seront peut-être les sources d’accueil puis de dispersion des espèces de demain (migration assistée). 

Bosquets du futur en résumé

  • Plantation de 3 km de haies et de 30 bosquets
  • Expérimentation menée sur 15 sites gérés par le CEN Auvergne et 6 sites gérés par le CEN Allier
  • 1ère phase du projet : 2024 – 2026
  • Un projet soutenu par l’Etat (Fonds vert), le Fonds nature 2025 et la Fondation du patrimoine